Voici l'edito politique du
4 pages Fédération Addiction / Psychoactif sur les
research chemicals :
EDITO Essayer la régulation des usages…. L’arrivée des produits que l’on appelle les «
Research Chemicals » ou « legal high » n’est pas un hasard. Elle correspond à un carrefour dans l’évolution de la société addictogène, dans laquelle le repérage de produits nouveaux et les stratégies de captation d’objets comme sources de plaisir et d’apaisement sont favorisés. Cette évolution correspond à plusieurs éléments :
- Une nouvelle génération s’est emparée de l’outil Internet et passe énormément de temps « online », dans le monde de la « toile » où continue de s’exprimer cette quête de plaisir. Cette nouvelle génération d'usagers partage ses expériences d'usage de
NPS à travers des forums internet d'auto-support et aquiert une réelle expértise.
- De nouveaux commerçants ont émergé sur le marché de la vente de substances psychoactives en ligne, rendant l’offre mouvante et internationale. L’émergence de ces nouvelles routes de la drogue s’est également faite au profit du développement d’une nouvelle « mafia », qui a adapté ses stratégies à cette « Geek Generation ».
Devant ce phénomène, notre Loi de 1970 se trouve mise au pied du mur virtuel. Ces nouveaux produits de synthèse sont nombreux, mutables, leurs effets et leur risques complexes à évaluer, leur profil commercial et leur mise en ligne les rendent disponibles relativement facilement et à grande échelle, et le paiement s’effectue par carte bleue en ligne par les trajectoires officielles de nos banques ; en tous ces aspects ils dépassent de beaucoup les codes d’application de la loi, qui devant eux semblent bien piétiner.
Pourtant ces nouveaux produits ne sont pas moins les sujets de prise de risques, et ils interrogent également la posture des intervenants en addictologie. Les
NPS nous invitent à élaborer de nouvelles stratégies de
réduction des risques qui incluent pleinement les usagers :
- En développant l’information sur les produits, que les personnes consomment et connaissent souvent mieux que les intervenants,
- En incluant dans notre réflexion les usagers de ces forums Internet avec une valorisation forte de leur expertise
- En développant un nouvel « Aller Vers » online, qui suppose pour l’intervenant de
RDR d’être présent sur les forums où se valorisent ces expertises, sans s’accaparer ce nouvel outil d’auto-support, et en invitant les personnes accueillies de notre structure à s’y rendre eux-mêmes pour y valoriser leurs connaissances, se nourrir des échanges qui les traversent, et faire de nouvelles rencontres.
Pour agir au plus juste d’une
réduction des risques et des dommages adaptée, les nouveaux produits de synthèse mettent les intervenants au défi de construire un nouvel espace/temps de rencontre, réel mais bien sous forme online aussi, aux côtés des usagers, et au plus près de nos missions. Ils questionnent une nouvelle fois l’(in)adaptation du cadre légal et offrent une opportunité de tester de nouvelles solutions qui ne passeraient pas par la pénalisation de l’usage.
Pierre Chappard, President de Psychoactif
Martine Lacoste, Vice-presidente de Fédération Addiction